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Textes des albums de Néry Textes de Néry pour d'autres

(1997) En Bref (1999) La vie c'est de la viande qui pense (2001) Vol libre (2006) Néry Belgistan (Yanzi)



La vie c'est de la viande qui pense


Ce ne devait pas être un double album mais le matériel enregistré était si riche, si dense et avait rassemblé tellement de musiciens que personne n'imaginait que l'on puisse sabrer dans cette matière vive.

Barcelone un soir


(Néry / Bertrand Belin)

Barcelone, le soir, d’un mercredi à boire. Petite rue près du port, restaurant Argentin. Une enfilade de tables, un bandonéoniste. A ses côtés une femme qui doit être sa femme, quelques amis, des proches qui entourent l’artiste des amis musiciens, des aficionados. Compagnons bienveillants, Argentins tout de noir, tenues d’expatriés, rigueurs ambassadées. Des clients satisfaits par avance réjouis, des habitués stoïques stoïquement habitués.

“Te quiero amar, por la vida que tu cuerpo que deseo sea capella de placer de passion y de illucion ... ”

A gauche de l’entrée, une table, deux garçons vingt-deux ou vingt-trois ans, sagement captivants. Discrètement, ils s’aiment, mais ils s’aiment sûrement. L’un, des yeux, dévore l’autre, défiant la bienséance. L’autre sourit au lointain de la salle qui s’élance. Il sourit aux étreintes en caresses insistantes auxquelles, moins discrets, leurs pieds aimants se livrent. Les deux garçons sourient, pensent-ils à eux deux, à eux deux, seuls, plus tard dans la dérive du soir ? Ils parlent, puis ils se taisent puis ils reparlent encore. La musique déchirée en notes lacérées devient respiration torture et tentation.

Le vin lourd et charnu rassemble toutes les tables en tâches pourpres qui unissent les corps et tous les diables. Les yeux des deux garçons s’attirent et se désirent. Plus rien n’a d’importance tant s’impose alentour jaillissante et sauvage l’évidence de l’amour. Personne, pas même Dieu, ne nierait être troublé. Le temps soudain s’arrête, on chuchote et l’on guette.

D’un élan transporté, leurs bouches se dévorent S’acharnant en baiser, leurs langues se confondent. Et puis comme deux aimants devenus soudain contraires, tout aussi vivement leurs lèvres se desserrent, s’arrachant, s’éloignant elles lâchent et s’abandonnent. Leurs yeux glissent et se fuient loin là-bas, loin de l’autre, loin de lui, loin de nous, vers ailleurs, loin, très loin. Leurs visages s’opposent, et rien ne s’était passé. Leurs pieds même sont rangés bien sagement scolaires, sur la table les mains posées sur les couverts. Mais, brillantes leurs lèvres, figées dans un sourire, et leur teinte rougie tendrement les trahit.

Mon regard sur eux prudemment s’éternise. Je ne suis pas le seul à avoir vu la scène, et ceux qui ont tout vu font ceux qui n’ont rien vu. “Obscène !?” Mes yeux sont attirés et piochent encore vers eux leur visage de jeunes hommes, leur image d’hommes heureux.
Je souris, ils me voient, vont-ils le prendre mal ? Je me lève, ils s’étonnent, et je m’approche, idiot. Je me penche sur eux et je leur dis un mot.
Ils éclatent de rire visiblement surpris, je retourne m’asseoir et c’est moi qui rougis.
Le musicien entame un air de circonstance car, dans ces moments là tous les airs Argentins ont l’air de circonstance et transportent nos démences.
Sur le moment j’écris sur un petit carnet les phrases qui me viennent pour fixer quelques traits : Ces deux amants, là, sont deux êtres qui s’aiment et leur amour est beau, au-delà des raisons. Tant pis pour ceux qui crient “ Nature tu t’es trompée !” car l’Amour aveuglé leur a dit de s’aimer.

Un mouvement, ils payent, leur danse me réveille un sourire vers moi, un salut vers les autres ils s’en vont vers ailleurs et la musique pleure.
Un long moment, sans doute, j’écoute le musicien qui porte au Paradis mes plus belles pensées, je l’écoute sans rien dire encore de longues heures et mes mots posés là sont les témoins émus de ce soir où j’ai bu, où j’ai bu et trop bu.

“Te quiero amar, por la vida que tu cuerpo que deseo sea capella de placer de passion y de illucion.

Que tu sangre, amor, sea bebida, bautizo de nuestro daño, el simbolo de nuestro encuentro, de violenza y de dolor.

Las carnes se comen, el vino se traga el musico toca, el publico canta. ¡Cosecha del alma, la musica llora me planto las uñas y me como el pais!”



L'oiseau volage


(Néry / Bertrand Belin)

Tu m’avais dit : “je ne suis pqs”
de ces oiseaux qu’on met en cage,
me capturer, te met la rage
tu ne peux pas, je suis volage !”

J’ai répondu : “je ne suis pas
de ces chasseurs qui piègent et traquent,
je ne voudrai de ton plumage
que les caresses d’un doux couchage,
que la tendresse de ton bel age.

Tu es parti, je m’suis assis
dans la poussière du sable tiède.
Tu es revenu, j’ai pas bougé
tendant mes mains et mes regards.

Tant de fois, tes ailes,
ont effleurés mes yeux.
Plus d’une fois ton bec
a griffé mes épaules.

Provoquant, excitant
ta propre tentation,
tu t’es laissé allé
même à me murmurer:
“Viens là-bas,
viens là-bas fais moins froid !”
“Viens là-bas, viens chez moi”…

Et puis tu as disparu,
et tu n’es pas rev’nu.
Et moi j’ai attendu,
attendu, attendu.
Attendu, là, figé,
fardeau d’éternité,
que tu reviennes,
que ça te prenne.

Puis la nuit est tombé,
pas la nuit de tous les jours,
mais la nuit de l’Amour,
la nuit verglacé
des âmes tracassées.
De froid j’ai greloté,
greloté, sangloté.

Au petit jour divin
qui lève les doutes enfin,
je décide de partir.

J’écris au sable fin
un mot pour te le dire
pour en finir enfin.

Virant, voletant, piaillant, criant,
tu me supplie de revenir
et tu t’épuises à me retenir.

Marchant, rêvant, sans argument,
je me retourne tout en sourire
et je m’arrête pour te dire:

“Vois-tu joli, je ne suis pas”
de ces oiseaux qu’on met en cage,
me capturer, te met la rage
tu ne peux pas, je suis volage !”…

“Vois-tu joli, je ne suis pas”
de ces oiseaux qu’on met en cage,
me capturer, te met la rage
tu ne peux pas, je suis volage !”…
“Dommage!